Longtemps cantonnées au statut de muse, de modèle voire de mécène dans la mémoire collective, les femmes ont pourtant elles aussi peint, sculpté, enluminé, écrit, gravé, créé, tissé, photographié… depuis toujours ; elles sont cependant les grandes oubliées de l’Histoire de l’Art. L’origine de cet ostracisme est multiple, avec notamment :
La relégation des femmes aux tâches domestiques :
« … comment pourront-elles trouver assez de temps pour être à la fois épouses soigneuses, mères tendres et surveillantes, chefs vigilants de leurs domestiques, et peindre autant qu’il est nécessaire pour le faire bien ? » Abbé de Fontenai, Journal général de France, n°71, 14 juin 1785
Oui, des femmes ont peint, écrit, … créé, mais bien évidemment, au cours de l’Histoire, peu nombreuses furent celles qui eurent la possibilité de sortir du carcan domestique pour devenir des pionnières de la création artistique.
L’anonymisation des œuvres féminines
« Le plus souvent dans l’Histoire, “anonyme” était une femme. » Virginia Woolf, autrice anglaise.
Différents chercheurs ont tenté d’enrichir les données concernant l’apport des femmes dans l’Histoire de l’Art, mais se sont heurtés à différents obstacles : D’abord, quelle que soit l’époque, les œuvres féminines étaient déconsidérées par les autorités du marché de l’Art et en conséquence de nombreuses artistes femmes choisirent de ne pas signer leurs œuvres ou de les signer sous un pseudonyme. Ensuite, nombre de leurs créations se virent injustement réattribuées à des hommes (par leur maître d’atelier, leur époux, etc.).
La difficulté d’accéder aux formations artistiques :
Les femmes furent longtemps écartées des formations artistiques. Jusqu’à la fin de la Renaissance, le travail en atelier n’était pas considéré comme adapté aux femmes et seules quelques filles et parentes d’artistes et de maîtres d’atelier purent potentiellement bénéficier de l’apprentissage familial. En France, notamment, les formations artistiques plus « officielles » leur sont aussi longtemps restées inaccessibles. Par exemple, l’École des Beaux-arts, fondée en 1817, resta exclusivement réservée aux hommes jusqu’en 1897 ; et même après que les femmes y furent autorisées, ces dernières ne bénéficiaient pas des mêmes droits et avantages que leurs condisciples masculins : Alors que les cours étaient gratuits pour ces derniers, ils étaient payants pour les femmes qui ne pouvaient pas non plus accéder aux ateliers ni aux concours.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Aujourd’hui, le combat pour une réelle parité dans les domaines artistiques est loin d’être gagné, à l’instar d’autres domaines plus médiatisés tels que la Politique ou l’Entrepreneuriat.
Pour présenter les choses de manière purement factuelle, on relèvera quelques exemples chiffrés :
·Alors que 60% des étudiants des écoles d’arts sont des étudiantes, elles ne représentent plus que 40% des artistes effectivement actifs, 20 % des artistes aidés par des fonds publics, 20% des artistes programmés et seulement 10% des artistes récompensés (4)
A poste égal et compétences égales, une femme artiste gagne en moyenne 18% de moins qu’un artiste homme. (4)
Parmi les 500 artistes les mieux vendus de l’année 2014 on trouve seulement 19 femmes et 3% des œuvres vendues pour plus d’un million de dollars, étaient des créations d’artistes femmes. (3)
Au Louvre, seulement 0.78 % des œuvres présentées au public sont issues de réalisations d’artistes femmes (42 peintures exécutées par 28 femmes, sur un total de 5387 œuvres). (2)
La part des œuvres réalisées par des femmes dans les acquisitions du Fonds national d’art contemporain était de 17 % en 2013 pour passer à 47 % en 2019. (1)
La part des femmes parmi les artistes exposé(e)s dans les fonds régionaux d’art contemporain était de 23 % en 2015 et de 38 % en 2019. (1)
Un constat non exhaustif qui reste peu réjouissant certes, mais les initiatives et les projets artistiques visant à rétablir un juste équilibre se multiplient à travers le Monde laissant entrevoir quelques espoirs : Christophe Bedford, directeur du Musée d’art de Baltimore, dont la collection ne comptait que 4% d’œuvres de femmes, s’est par exemple illustré en s’engageant à n’acquérir que des œuvres d’artistes femmes au cours de l’année 2020. Il a même fait le choix de vendre certaines œuvres prestigieuses (parmi lesquelles des œuvres de Warhol, Rauschenberg...) dans le but d’augmenter sa capacité d’achat de près 1,5 millions de dollars. Autre exemple avec l’association AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions), créée en 2014 et qui tente de « réécrire l’histoire de l’art de manière paritaire » au travers d’expositions, d’événements, de remises de prix, et surtout via son site internet www.awarewomenartists.com, qui met gratuitement à disposition du public un contenu riche et complet sur le travail des femmes artistes du XIXème et XXème siècle. Par ailleurs, les expositions consacrées exclusivement au travail d’artistes femmes sont de plus en plus nombreuses. On citera par exemple les récentes expositions « Peintres femmes 1780-1830, naissance d’un combat » du Musée du Luxembourg, « Elles font l’abstraction » du Centre Pompidou Paris ou encore l’exposition de la BnF « Be AWARE. A History of Women Artists » organisée avec l’association AWARE.
On peut donc saluer les efforts des différents acteurs du Monde de l’Art comme institutionnels qui tentent de lutter contre cette invisibilisation persistante, tout en souhaitant que bientôt, il ne sera plus nécessaire de faire des expositions 100% artistes femmes, mais que leurs œuvres seront égalitairement et naturellement exposées sur les murs des musées, des centres d’art, des galeries…
Et chez ART2REVE ?
Chez Art2Reve, chaque artiste représenté est sélectionné uniquement pour son talent et la richesse de sa démarche artistique sans tenir compte de son genre ou d’autres critères aussi arbitraires.
Actuellement, le nombre d’artistes femmes exposées à la galerie est même supérieur au nombre de leurs homologues masculins ;
Retrouvez ainsi à la galerie ART2REVE, 40 Grand Rue à Saverne, les œuvres de :
Sources statistiques :
1: Rapport 2021 de l’Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication - Ministère de la Culture, Direction générale de la création artistique (2021)
2: Base Joconde accessible via http://www2.culture.gouv.fr/documentation/joconde/fr/pres.htm
4 : Rapport : « Inégalités entre les femmes et les hommes dans les arts et la culture – Acte II : après 10 ans de constats, le temps de l’action » (Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes – Février 2018)
Comments